Mesures et moyens pour une cohabitation apaisée

 

L’ours : un omnivore opportuniste

Sur une année, la part carnée de l’alimentation d’un ours est en moyenne de 10 à 15%.

Au fil de l’année, l’ours adapte son régime alimentaire aux ressources disponibles et accessibles de son territoire qu’il connaît parfaitement. Dans les Pyrénées, en bon opportuniste, il consomme majoritairement des végétaux.

Initialement carnivore, l’ours brun a évolué en Europe tempérée vers un régime omnivore, herbivore et insectivore, à 85-90%.La part carnée peut varier selon les individus. Elle est composée pour moitié de charognes d’animaux sauvages, et d’animaux domestiques.

L’ours est un prédateur opportuniste et occasionnel

La disponibilité et l’accès à la nourriture dans la nature, les conditions météo, la connaissance de son territoire, la tranquillité des lieux, la période de l’année, la gestion et la protection des troupeaux influent sur la prédation sur les animaux domestiques ou les ruches. Il s’attaque de préférence aux ovins et parfois au gros bétail. Son odorat  très performant, lui permet de repérer de loin et de consommer des cadavres d’animaux sauvages ou domestiques.

Les dégats au bétail ne sont pas une fatalité

La prédation par l’ours dépend directement du niveau de protection des troupeaux.Plus et mieux on protège, moins il y a de prédation.

Partout où il y a des prédateurs et du bétail domestique, les dégâts sont concentrés sur les troupeaux non ou partiellement protégés. A l’inverse, ils sont limités sur les troupeaux rassemblés la nuit et protégés par des parcs électrifiés et des chiens de protection.

Dans les pays européens où les ours peuvent être nombreux, on indemnise en moyenne moins de 2 brebis par ours et par an.En France, on est encore en moyenne au-dessus de 10 brebis indemnisées par ours et par an. Nous avons donc encore une bonne marge de progression possible.
Ce n’est pas facile, cela demande des efforts, des adaptations et des moyens, mais c’est possible, comme le montrent de nombreux exemples. C’est le cas à l’étranger mais aussi dans les Pyrénées, en Béarn, Hautes-Pyrénées, Catalogne, et y compris en Ariège où des estives ont réussi à limiter considérablement les pertes grâce aux techniques de protection.

La priorité est de généraliser et d’optimiser la protection des troupeaux, c’est sur cet objectif que les efforts devraient être concentrés.Quand la protection est généralisée, les ours intègrent que les troupeaux ne sont pas accessibles et limitent leurs attaques, au bénéfice de tous.

Les aides au pastoralisme et à la protection des troupeaux

Plus et mieux on protège, moins il y a de pertes

La présence de l’ours permet de mobiliser des aides publiques pour améliorer les conditions de vie et de travail des éleveurs et bergers en montagne.

Quelques exemples d’aides à la protection des troupeaux (montants 2023) :

Les aides concernent le gardiennage, les chiens de protection, les clôtures, les diagnostics de vulnérabilité.

Le taux d’aide est de 80 % de la dépense éligible et 100% pour l’analyse de vulnérabilité et le test de comportement des chiens de protection.

Exemples de plafonds annuels des dépenses : gardiennage + chiens, variable en fonction du nombre d’animaux du troupeau (de 150 à plus de 1500) et du mode de conduite. Plafond de 9 250 € à 31 250 € en mode de conduite « gardiennage » en cercle 1.

aide au pastoralisme

Pour financer le travail du berger ou embaucher un salarié ou un prestataire de service, le plafond des aides s’élève à 2500 €/ par mois en mode «gardiennage».
Achat d’un chien de protection plafond : 375€ ; entretien annuel du chien : 815 €/chien/an.
Achat de clôture : plafond de 6500€ en cercle 1.

L’indemnisation des dégats au bétail

Les pertes liées à l’ours (ou au loup) sont les seules systématiquement indemnisées, alors qu’elles représentent une part minoritaire de la mortalité du bétail en montagne. Le barème est fixé après consultation de la profession agricole. Quand la cause de la mort est indéterminée, les bêtes peuvent être indemnisées par une commission, où le bénéfice du doute profite à l’éleveur. L’indemnisation est progressivement conditionnée à la mise en oeuvre de la protection des troupeaux. C’est une manière de reconnaître et de valoriser les efforts.

 

Les conditions de cohabitation seront optimales quand nous serons parvenus à conjuguer un haut niveau de protection des troupeaux avec un haut niveau d’indemnisation des dégâts résiduels, toujours possibles.

Exemples d’indemnisation en 2023 :

Une brebis laitière 600 € + 260 € au titre des conséquences indirectes sur le troupeau : stress, avortements… (Exemple avec un troupeau de 300 brebis).

Une brebis à viande 200 € + 460 € au titre des conséquences indirectes sur le troupeau : stress, avortements… (Exemple avec un troupeau de 800 brebis).

En cas de gros dommages par exemple à cause d’un dérochement de troupeau, une indemnisation supplémentaire est calculée, au cas par cas, pour permettre le renouvellement du troupeau.